Malheur à celui dont les pieds le trainaient dans les environs de la forêt d’ « Agla » ; un accueil accablant et un sort macabre lui étaient toujours réservés. Véritable triangle des Bermudes, cette zone forestière et marécageuse était le repli de malfrats et autres vandales qui opéraient à Cotonou et ses environs. Cette dense forêt a donc été pendant longtemps, un lieu infréquentable par les populations, en tout cas les moins audacieuses, à cause de l’atmosphère affreux qu’il inspirait. Il était très fréquent en ces temps-là, d’apprendre la disparition d’individus censés être partis pour cette destination. C’est de cet épisode épouvantable qu’est donc tiré le nom de cette aire géographique : Agla ; le nom complet étant « Agla houn, bo wa ! » ce qui signifie en français « Si tu es audacieux, alors viens ! ». Il faut attendre le début des années 1970, avec la témérité de certaines personnes et surtout la traque des brigands par forces de sécurité pour mettre fin à la domination de ce monstre qui engloutit et encourager l’arrivée des premiers habitants d’Agla. Les premières collectivités familiales qui habitèrent la zone sont les KPADE, les OLOUNDE, les BAMIDELE, les DJIKPESSE, les ALOHONMBA… Ce sont entre autres les premiers propriétaires terriens à cette époque où les parcelles se vendaient en échange de modiques sommes d’argent.
Agla à l’époque révolutionnaire
En raison de sa tardive fondation, Agla était encore une zone inhabitée à l’indépendance du Bénin en 1960. Son essor coïncida avec le règne du régime révolutionnaire qui aurait sitôt pu l’étouffer. Un décret fut en effet pris par le feu Général Mathieu Kérékou, ordonnant à tous les occupants de la zone d’Agla de déguerpir. La mesure visait l’aménagement du marécage et la construction de rigoles pour faire écouler les eaux et ainsi réduire les risques d’inondation. Mais cette résolution à but environnemental se heurtera très tôt à une muraille sociale. Le Général feu dut renoncer à son projet face à la multiplication des cris de cœurs et doléances, formulés par les habitants d’Agla en vue de les laisser vivre dans leur environnement.
Agla de nos jours
Agla est aujourd’hui sous la tutelle du 13e arrondissement de la ville de Cotonou. Il compte sept quartiers que sont : Agla-centre, Agla-Petit château, Agla-Les Pylônes, Agla-Finafa, Agla-Agongbomey, Agla-Akplomey et Agla-Figaro. Agla reste l’une des quartiers les plus vastes et les plus peuplés de la ville de Cotonou mais aussi la zone par excellence où sévissent les eaux en saison pluvieuse. Les dégâts causés par les eaux pluvieuses sont tels que l’on dénombre de nombreux déplacés à la quête d’un environnement propice. Ces familles transhumantes n’hésitent pas à rejoindre leur cadre de vie habituel dès que finit la saison des pluies. On retrouve à Agla des établissements scolaires (le CEG Les Pylônes et d’autres établissements privés) et sanitaires. Agla dispose d’un commissariat de Police et d’une flopée de commerces installés aux abords des principales rues.