Gbégamey était à l’origine un vaste bas-fond sur lequel s’étalait une grande brousse jonchée de hauts arbres et de palmerais. Etymologiquement, Gbégamey vient du fongbé « Gbé gaga mè » qui signifie « dans la grande brousse ». Les premiers occupants de cette aire sont, selon nos enquêtes, des Tofinou et d’autres familles venues de Cadjèhoun vers 1954. Ceux-ci s’installèrent dans les environs de l’actuel PTT. Ce sont principalement les familles Tamadaho, Yèkpè, Azagbandji, Ayisso, Zohokon, Zohoun. Un peu plus loin, vers la bourse du travail, d’autres collectivités familiales firent leur siège. On peut citer les familles Gnanwi, Ahomadégbé-Tometin, Adjovi, Médégan, Nouatin, Inoussa, Dogué… ce sont entre autres ces tatas qui constituent le noyau fondateur de Gbé gaga mè.
Gbégamey à l’époque coloniale
Tamadaho Sévérin, chef canton alors, était l’un des premiers responsables de Gbégamey. C’est lui qui mit à la disposition des habitants du quartier, le domaine sur lequel est installé le marché de Gbégamey. La création de ce marché devait raccourcir le trajet des femmes qui ne sont plus obligées d’aller au marché de Ganhi pour se ravitailler. La présence de la gare de l’OCBN accélère la croissance du marché et fit de lui un pôle important d’échanges. En effet, les trains qui finissaient leur long périple non loin de là, convoyaient depuis Parakou des produits de premières nécessités (céréales, oignons, mangues, légumes, ignames…). Ces produits étaient donc récupérés puis vendus par les femmes dans ce marché. Il faut dire que la construction du chemin de fer qui traverse Gbégamey n’a pas été une simple tâche. L’un des bas-fonds de cette aire qui était notamment situé aux abords de l’emplacement des rails abritait une espèce méconnue par les populations. Elle sortirait, selon notre source d’informations de son abri pour défaire les rails implantés et les repousser loin du bas-fond. Cet épisode dura un temps avant la destruction complète du bas-fond et donc de l’espèce qu’il abritait. La présence de l’OCBN générait aux riverains diverses activités. Mis à part le commerce qu’entretenaient les femmes, les hommes travaillaient dans le wharf (l’ancêtre du port) ou étaient employés comme aiguilleurs. L’école régionale Gbégamey sud fut construite par Kpakpo Gilbert le 3 novembre 1950 tandis que le Cours secondaire Notre Dame des Apôtres fut érigé en 1953. A l’emplacement de la place Bulgarie était installé un célèbre dépanneur du nom de Guèdèounguè. Le soir, la place faisait office d’un petit marché (« Maro » en fongbé). Ce qui lui valut le nom de « Maro Guèdèounguè » avant son baptême en place Bulgarie, symbole de la proximité du régime marxiste-léniniste d’alors avec les pays de l’Est, de régime communiste.
Gbégamey de nos jours
Gbégamey est un quartier situé dans le onzième arrondissement de la ville de Cotonou. Il compte sept sous-quartiers que sont : Gbégamey-Ahito, Gbégamey-Ayidji-dodo, Gbégamey-Centre, Gbégamey-Gbagoudo, Gbégamey-Gbèdiga Saint Jean, Gbégamey-Gbèdiga 2 et Gbégamey-Mifongou. Chacune de ces aires géographiques est dirigée par un chef de quartier. Gbégamey compte de nombreux établissements scolaires dont le Cours secondaire Notre Dame des Apôtres. C’est également dans ce quartier que se trouvent la Bourse du travail, la place Bulgarie ou l’Ecole Nationale d’Economie Appliquée et de Management (ENEAM).