Les bars à chicha (ou narguilé) et autres lieux de consommation de la pipe à eau ont connu une forte émergence ces dernières années à Cotonou. Si ce sont surtout les ressortissants arabes qui en raffolent, beaucoup de jeunes béninois s’y adonnent désormais, souvent par suivisme. D’autres, plus accros, considèrent le narguilé comme « jouissif » et « convivial ». Attirés par des saveurs plus édulcorées que celles de la cigarette, ils n’ont pas conscience du danger que représente la chicha.
Une consommation dangereuse
Parce qu’elle est jugée plus « cool » et plus accessible, la chicha est en pleine expansion à Cotonou. Et pour cause, contrairement aux cigarettes habituelles qui laissent une odeur âcre et désagréable, le narguilé est disponible sous plusieurs parfums de fruits à partir de 1.500 francs CFA la barrette. Il faut compter légèrement au-dessus de 20.000 francs CFA pour s’offrir l’équipement complet. Beaucoup de béninois la considèrent sans danger pour l’organisme. A tort. Le charbon brûlé pour la chicha déjà contient des substances nuisibles. L’eau utilisée ne filtre pas la moindre toxicité du tabac et une bouffée de chicha aurait un volume dix fois plus élevé qu’une cigarette, en termes de nicotine et de carbone. Des analyses faites par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui affirme dans un rapport qu’une séance de chicha d’une heure correspondrait à l’inhalation de la fumée de 100 à 200 cigarettes. Certains jeunes à Cotonou passent toute une soirée autour d’un narguilé, fumant des heures durant. L’autre risque qu’on néglige ou qu’on ignore est également le fait que la chicha se partage. Chaque narguilé a un unique embout qui se passe d’une bouche à une autre. Inutile de rappeler les risques éventuels de transmission de maladies telles que l’hépatite, et de contagion microbienne.
La pipe à eau addictive
D’aucuns estiment que fumer le narguilé n’est pas une forme de tabagisme. Et puisque ça parait inoffensif, il n’y aurait aucun problème à en consommer de temps à autre. La nicotine qui se dégage du tabac brûlé est une substance hautement addictive. Selon les experts de l’OMS, il s’agit d’un agent psychotrope qui entraîne une forte dépendance. Il y a donc de forts risques d’en développer. Et l’une entraînant l’autre, lorsque la chicha devient inaccessible, le fumeur pourrait naturellement se rabattre vers d’autres produits pouvant avoir le même effet, notamment les cigarettes.
La chicha, contrairement aux idées reçues à Cotonou, est donc fortement nuisible pour la santé. Derrière son aspect parfumé et agréable, il y a également un fort risque d’addiction. Il faudrait donc se responsabiliser quant à sa consommation.