Ces derniers mois, d’imposants immeubles se sont érigés dans certains quartiers de la ville de Cotonou, de façon totalement inattendue et presque dans le secret, sans ironie. Il existe plusieurs chantiers qui produisent des bâtiments chaque jour dans la capitale, direz-vous. Toutefois, ceux-ci ont la particularité de porter des noms de villes ivoiriennes : Grand Bassam, Cocody, Marcory, Bouaké, Sans Pédro etc. Des points de ressemblance qui ne s’arrêtent pas là.
Une architecture similaire
Ils s’étendent sur plusieurs étages et comportent de nombreux appartements. Avec leur allure magistrale, ces immeubles ne passent pas inaperçus. Au-dessus de chacun de ces bâtiments se trouvent des inscriptions grandeur nature qui indiquent un nom de ville ivoirienne. Nous avons donc par exemple dans le quartier Zongo en allant vers le marché Missebo, un immeuble Cocody et tout près du Consulat Général Honoraire de Côte d’Ivoire, deux autres édifices portant les inscriptions Marcory 1 et Marcory 2. On retrouve un autre immeuble marqué Sans Pedro sur la voie de l’aéroport et un autre marqué Bouaké sur l’avenue Steinmeiz non loin du siège de Moov Bénin. Cette liste n’est pas exhaustive. Un fait marquant : ces bâtiments sont quasiment identiques ! Tant sur l’architecture que sur le carrelage et les couleurs (blanc et marron).
Des bureaux en location
Les appartements qui les composent sont de toute évidence loués à des particuliers qui y élisent domicile pour leurs entreprises. Il s’agit donc de bureaux de sociétés privées, start-up et autres. Nous constatons cependant que certains bureaux de « Marcory 1 » servent à l’administration publique béninoise. Le Ministère de la Fonction Publique y a détaché des services. Notamment, le Fonds de Développement de la Formation Professionnelle Continue et de l’Apprentissage, et la Direction Générale de la Réforme de l’Emploi (DGRE).
Un promoteur très discret
Les bâtiments seraient probablement la propriété d’un homme d’affaires béninois qui a passé une grande partie de sa vie en Côte d’Ivoire où il a fortement développé ses activités. Une véritable figure de proue donc, ayant une grosse influence dans le domaine de l’immobilier. Ce profil est plutôt familier. Surtout lorsqu’on fait le rapprochement entre les grosses inscriptions « Riviera Golf » qui se situent sur l’immeuble du Consulat Général Honoraire de Côte d’Ivoire, et ceux des constructions aux dénominations ivoiriennes. Les modèles sont exactement semblables.
Vers une « ivoirisation » de Cotonou ?
Une tendance pourrait se développer d’ici quelques années avec l’apparition de ces immeubles. Les immeubles pourraient imposer de façon naturelle et évidente leur appellation aux quartiers dans lesquels ils se situent. Ou, deviendraient à défaut des références géographiques pour toute personne qui voudra localiser un lieu à proximité. Des repères du style « Je vais à Cocody » au lieu de dire « Je vais à Zongo » . Est ce que cette propension pourra faire changer d’habitudes aux habitants de Cotonou ? Les mois et les années à venir nous le diront.