« Dis-moi, tu connais quelqu’un qui voyage ? » Cette interrogation revient très souvent au sein des communautés béninoises – entre autres – résidentes en occident dès que la nécessité d’envoyer ou de recevoir un colis depuis l’Afrique se fait sentir. Partis de ce constat, 3 jeunes ingénieurs Béninois résidents en France ont eu l’idée de créer la start-up KabaPost. Lancé le 10 février 2017, Kabapost se veut une alternative originale à tous les moyens de transfert de colis existants. Son fonctionnement est basé sur le concept d’économie collaborative. La plateforme se veut sûre, plus rapide, moins chère et surtout hautement gratifiante pour les transporteurs de colis qui s’y inscrivent. Nous sommes partis à la rencontre des géniteurs de KabaPost qui nous présentent fièrement ce qui apparait désormais comme une innovation incontournable dans le secteur du transfert de colis.
Aldo ANAGO, Cyrille ZOUHON et Richard HASSIKA sont derrière la plateforme Kabapost disponible à l’adresse kabapost.com. Pour Aldo ANAGO, concepteur et président du projet, le meilleur moyen de régler définitivement ce problème auquel ses amis et lui faisaient face était de formaliser le palliatif utilisé par la communauté pour rendre plus abordable le transfert de colis.
Dites-nous comment est née l’idée de kabapost.
Je dirai que Kabapost est né suite à nos multiples échecs d’envoi et de réception de colis urgents en provenance et à destination du Bénin. Il fallait forcément attendre qu’un ami planifie un voyage afin de faire transiter nos colis par ce dernier. Or, ce n’était pas toujours pratique pour nous en cas d’urgence ; ce qui revenait cher avec l’envoi express par les moyens existants. C’est ainsi que l’idée de KabaPost a germé, car nous avons décidé de formaliser ce système instauré par la communauté à travers une plateforme d’envoi rapide de colis à moindre coût.
En quoi consiste réellement son intérêt ?
L’idée est de fédérer une communauté de confiance
Alors, dans un premier temps, l’objectif de kabapost est d’alléger les coûts de transferts de colis. Deuxièmement, il s’agit de mettre en relation les voyageurs avec les expéditeurs, qu’ils soient en occident ou au pays à travers une plateforme collaborative pour qu’il n’y ait plus besoin de demander entre nous : « Tu connais quelqu’un qui voyage ? » ou « Tu connais quelqu’un qui vient en France ? Cette plateforme favorise la rencontre entre l’offre et la demande en termes de transport de colis.
L’idée est de fédérer une communauté de confiance autour de cette plateforme ; une communauté de personnes prêtes à se rendre mutuellement service. Ceci permet en effet de rendre plus rapides les transferts et de réduire les tracasseries quant à la recherche de voyageurs surtout pour les colis urgents. Actuellement, l’utilisation de kabapost est ouverte à tous.
Alors on comprend que kabapost fonctionne dans les deux sens ! Les colis peuvent être envoyés depuis l’Afrique, comme ils peuvent être envoyés depuis l’occident. Comment cela fonctionne-t-il concrètement ?
KabaPost est très simple d’utilisation. Les voyageurs qui s’inscrivent sur kabapost.com mettent leurs valises à disposition de ceux qui veulent envoyer des colis. En retour, ils reçoivent des commissions sur les frais forfaitaires payés par l’expéditeur.
L’inscription est totalement gratuite et se fait en quelques secondes. Si vous voyagez, il vous suffit de poster votre annonce en indiquant l’itinéraire, les dates de départ et d’arrivée, les dates limites de prise et de transmission du colis ainsi que le mode de transmission dudit colis. C’est-à-dire que le colis peut être transmis au destinataire main à main ou bien il peut transiter par l’un de nos points relais en Afrique. Ces points relais se situent actuellement au Bénin, en Côte d’Ivoire, et bientôt au Togo et dans toute la sous-région. Dans ce dernier cas, le destinataire peut venir chercher son colis au point relais où bien, un coursier disponible au point relais se charge d’aller le lui transmettre à l’adresse indiquée.
L’expéditeur quant à lui, s’inscrit également et choisit simplement son voyageur sur le site en fonction des paramètres précités. Il faut préciser que toute personne qui s’inscrit peut être voyageur aujourd’hui et expéditeur demain.
Comment KabaPost garantit-il la fiabilité de la plateforme et des personnes qui s’y inscrivent ? Avez-vous déjà eu des problèmes dans ce sens ?
Non, aucun problème à ce jour. Nous avons un système de validation de compte qui oblige toute personne inscrite à renseigner toutes les informations personnelles nécessaires, notamment les numéros de pièces d’identité (carte d’identité ou passeport entre autres) afin de générer un certificat d’engagement pour le voyageur ou l’expéditeur.
En outre, nous sommes en partenariat avec la MAIF (société française d’assurance) qui est un assureur français qui assure tous les colis à hauteur d’une valeur de 2 000 € en cas de déconvenues.
Aldo, kabapost est un concept intéressant qui a déjà commencé son bout de chemin. Dites-nous comment a été mis en œuvre ce concept au niveau de l’équipe.
Il faut dire qu’entre l’idée et la réalisation il s’est écoulé 2 ans en tout. Nous avons travaillé en tant que start-up avec une Direction Technique gérée par Cyrille ZOUHON et une Direction de Business Developpement gérée par Richard Hassika puis moi-même pour coordonner les actions des deux directions en tant que Président du projet.
C’est après tout cela que nous sommes passés à la réalisation du projet en allant à la rencontre des différents partenaires qui nous ont aidés à véritablement mettre en place le projet. Ensuite, nous avons fait tester le fonctionnement de la plateforme afin d’y apporter les dernières améliorations avant le lancement le 10 février 2017. Et il va sans dire que la plateforme est perpétuellement en amélioration pour faciliter la tâche à nos utilisateurs.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans la mise en place du projet.
Depuis l’idée jusqu’à la mise en œuvre nous avons rencontré des problèmes d’ordre technique et financier auxquels nous avons fait face et nous continuons à travailler quotidienne d’arrachepied afin de proposer un service de qualité en étant plus proche des utilisateurs.
À quelle étape en êtes-vous par rapport aux objectifs fixés et quels sont vos plans pour l’avenir ?
Aujourd’hui, nous ne sommes qu’au début du projet ! L’objectif à long terme n’est pas sur 3 ans ni sur 2 ans, mais je peux dire que nous sommes dans les délais par rapport aux objectifs que nous nous sommes assignés. Nous enregistrons aujourd’hui environ 300 nouveaux « Kabanautes » par mois et une centaine de colis transportés chaque mois.
Avez-vous des craintes par rapport au développement du projet ?
Eh bien, pour ma part je crois que la principale crainte, c’est la santé ! Tant qu’il y a la santé, on peut trouver des solutions aux problèmes. Même si les solutions arrivent dans 2 ans, elles existent et l’objectif, c’est de vite les trouver. Et pour cela, il faut être en bonne santé. C’est l’essentiel.
Avez-vous des concurrents et comment vous démarquez-vous d’eux ?
La concurrence existe et nous nous démarquons d’eux en mettant en place des solutions beaucoup plus adaptées à l’utilisation de notre plateforme dans tous les pays de l’Afrique. Nous voulons faire de Kabapost un moyen de transfert de colis incontournable.
Comment rentabilisez-vous kabapost ? Et quel est votre chiffre d’affaires approximatif ?
(Rires) Le chiffre d’affaires, il est trop tôt pour en parler. Il faudra attendre la fin d’un exercice pour ça. Mais de toutes les façons, notre business modèle actuel n’est certainement pas axé sur le profit.
Les grands rêves nécessitent de grands moyens pour leur réalisation. Nous sommes au terme de notre échange et il y a une question classique qui revient souvent, c’est : Que conseillez-vous aux jeunes qui souhaiteraient s’inspirer de votre cas ?
Le conseil que je donne, c’est qu’il faut travailler dur et de croire en ses projets, car seul le travail paie.
Cliquer pour visiter le site de kabapost
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